Magnétisme. Est-ce possible d’être autant attirée par une partie du globe ?
Je ne sais pas l’expliquer mais la Corse était sur ma liste depuis longtemps. L’ile de beauté m’appelait. Et un beau jour, j’y ai posé mes chaussures de marche, accompagnée d’une amie de cœur. Vingt heures de trajet et un vol annulé. Un dernier trajet en taxi. On a rien lâché. Une force nous poussait vers cette île.
Planter la tente pour la première nuit. 1/13. Première nuit au paradis. Chambre avec vue. Avant de s’élancer à l’assaut du GR20 et de la Haute-Corse. Haute montagne. Rochers. Caillasse. Dénivelé positif. Et genou en compote.
Monter. Monter. Monter. Etre complètement cramée mais se dire ; « putain que c’est beau! » L’odeur des pins. La couleur des fleurs. Les panoramas. Être au milieu de la nature. Tomber sur une source d’eau fraiche et se dire qu’on a besoin de rien d’autre. Vivre d’amour et d’eau fraiche. Bonheur à l’état pur. Brut. Simple.
Descendre. Descendre. Descendre. Les genoux en prennent un coup. Tout est toujours aussi beau. A couper le souffle. A pleurer aussi. Pas encore tout à fait habituée au sac. La nourriture et la tente pèsent leur poids. Mais on sait pourquoi on est là. Pour la vue. Pour l’effort. Pour les échanges. Pour les petits bonheurs simples : une pause sous un arbre, se rafraichir dans une rivière à l’eau turquoise, transparente, manger du fromage dans une bergerie au milieu des montagnes, quitter la caillasse pour un petit chemin tout mou dans les bois, vivre au rythme du soleil, de la nature et de ses éléments. Se sentir tout petit, insignifiant. Prendre le temps. Profiter. Sentir que c’est là qu’on doit être. Au bon endroit, au bon moment. Sentir se réveiller notre petite flamme au plus profond de la cage thoracique. Petit coin de paradis. Faire des rencontres. Rester et profiter.
Et puis, les côtés difficiles de la montagne, elle est plus forte que nous. On n’est pas toujours aligné avec elle. La tête dans les nuages. Le cœur ailleurs. Les pieds sur terre. La fatigue s’accumule. Etre épuisée physiquement et mentalement. Crise de nerfs au milieu de la caillasse. Se rendre compte que les forêts belges me manquent au milieu de ces rochers.
Et puis, comme si les larmes m’avaient nettoyées, se sentir nouvelle. Prête à affronter la suite, même si mon genou n’en peut plus. Le corps est plein de ressources. On ne veut pas quitter cet écrin. On continue.
Pincement au cœur. Rythme cardiaque qui s’accélère. Pression dans la cage thoracique. C’est déjà la dernière nuit au milieu des montagnes. 115km parcourus sur les 180. 12 étapes sur 18. Dix jours au milieu des montagnes. Dix jours de vie au rythme de la nature. Dix jours de vie de petite sauvage. Se dire qu’à ce moment présent, je suis à la maison. Une maison parmi d’autres. Des hauts, des bas. Des montées, des descentes. Des cailloux, des pierres, des rochers. Des sentiers sous les bois. L’odeur des pins. Le souffle du vent chaud. Du soleil, de la pluie, des orages. Du vent, de la brume. Des éclaircies. Un ascenseur émotionnel. Des doses d’endorphine, des éclats de rire. Des crises de nerfs, des pleurs au milieu de la montagne. Dix jours à écouter ce qu’il se passe au fond de soi. Des moments pour penser. Dix jours au bon endroit, au bon moment. Parce qu’il n’y a pas de hasard. Il fallait sûrement qu’on fasse ce voyage à deux à ce moment précis. Pour se rappeler qui on est. Se le faire rappeler. Se prendre des coups de pieds au cul pour se bouger.
Merci Aurore. Merci la vie.
C’est ça le bonheur.
Magnétisme. Est-ce vraiment possible d’être autant attirée par un seul élément du globe ? Tellement que quelques jours après le retour sur le continent, l’envie irrépressible d’y retourner se fait sentir ? Vous voyez où je veux en venir ?
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